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[Intervention] Climat : ré-haussons les objectifs

By 20 novembre 2020novembre 24th, 2020No Comments

Yann Mongaburu

Vice-président en charge du défi climatique

Merci Monsieur le vice-président, chers collègues,

Le débat qui nous anime a été entamé en commission.

Il est crucial. Bien sûr, nous sommes favorables à une charte partenariale avec les communes. C’est nécessaire. Utile.

Mais il est tout autant nécessaire d’être clair et convergents sur les objectifs que nous nous fixons, surtout pour une charte qui couvre 2020-2026, l’intégralité du mandat qui s’ouvre…

Merci donc au vice-président d’avoir réintégré dans la délibération un niveau d’objectif. En l’occurrence -50% GES entre 2005 et 2030.

Or, chers collègues, il ne peut pas nous échapper, dans cette assemblée, le débat vif, porté par les scientifiques d’abord, les citoyens ensuite avec les marches climat et notre affaire à tous qui a réuni plus de 2 millions de signature pour engager un recours climat contre l’Etat français. Je suis convaincu que nous avons été nombreux à signer le soutien à ce recours.

Depuis, que s’est-il passé ?

La nouvelle commission européenne propose de rehausser les objectifs européens de réduction des GES à 55% d’ici 2030.

Face à la commission, le parlement européen s’est réveillé et a voté largement dans la nouvelle loi climat européenne un objectif de réduction de 60% des GES d’ici 2030. Ce simple objectif de 60% -celui choisi par le Parlement européen – nécessiterait déjà de rehausser les objectifs de notre PCAEM (à 55% au lieu de 50, un effort de 5 points ou 10% supplémentaires). Mais comme nous l’a communiqué le Vice président Verri, que je remercie encore, rejoignant les scientifiques, les Nations Unies indiquent qu’il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre européennes d’au moins 65 % d’ici à 2030, ce qui ramené à l’année de référence de notre PCAEM (qui est 2005 et non 1990) appelle un objectif de 60% de réduction des GES (un effort de 10 points ou de 23% supplémentaires !), un objectif de 60% d’ici 2030, non pas pour être un territoire pionnier, précurseur, simplement pour prendre notre, notre juste part, proportionné et équitable de ce que l’Europe doit réaliser comme trajectoire.

Chers collègues, hier –comble du calendrier- pour la 1ère fois le Conseil d’Etat a enjoint l’Etat français a lui démontrer sous 3 mois, sous 3 mois, que le retard que prend la France depuis 2015 reste compatible avec la loi climat. Cette décision est historique. Pour la première fois, l’Etat doit faire la démonstration que le niveau de son action est compatible avec la COP21.

Cette décision du Conseil d’Etat est la suite de l’affaire du siècle signée par plusieurs millions de citoyens. Elle est la suite d’un recours engagé par la Ville de Grande-Synthe, appuyée par des associations de justice climatique (Oxfam, Greenpeace, FNH, Notre affaire à tous) et par deux communes qui s’y sont jointes, la capitale et une commune de notre territoire, Grenoble. Permettez moi un passage de la décision du Conseil d’Etat : « la région parisienne comme l’agglo… »

Chers collègues, il nous semble que nous ne pouvons pas fermer les yeux ni sur les alertes des scientifiques ni sur la mobilisation citoyenne ni sur la décision de justice historique du Conseil d’Etat. C’est pour quoi, parce que notre territoire est à la fois l’un des plus sensible au dérèglement climatique et parce qu’il a toujours été pionnier, que nous vous proposons d’amender cette délibération pour engager sans attendre la révision du PCAEM en ré-haussant nos objectifs à 60% d’ici 2030, en engageant sans attendre les études du scenario dit « de rupture » avec la communauté scientifique locale et en prévoyant que la charte que nous votons ce jour s’y conformera.