Conseil métropolitain

[Intervention] Plan pauvreté : agir massivement la première de nos priorités

By 20 novembre 2020novembre 24th, 2020No Comments

Céline Deslattes

Vice-présidente chargée de l’emploi, de l’insertion et de la jeunesse

Chers collègues,

Avec la crise sanitaire, la France a ouvert les yeux sur une réalité qui passe d’ordinaire sous les radars : des familles, des personnes seules, des jeunes ont besoin de l’aide alimentaire pour ne pas avoir faim

Près de 9 Millions de personnes pauvres aujourd’hui, 12 % de la population. Huit fois plus que dans les années 1980 65 % sont dans les grandes villes.

La réalité pour ces personnes ce sont des restes à vivre de de 2 à 9 € par jour et par personne ( et ce sont celles et ceux qui ont encore des ressources)

On dénombre également 3 millions d’enfants pauvres en France 300 000 personnes à la rue (fondation abbé pierre) 100 000 de plus qu’il y a 2 ans.

« Nous n’avons plus d’interlocuteurs dédiés au sein du gouvernement. Il manque un portage politique, et donc on assiste à une baisse d’ambition du plan. On ne peut pas dire qu’il n’y a rien. Il y a eu la prime de rentrée scolaire, des fonds pour l’aide alimentaire… Mais on est très loin de l’énergie qu’il faudrait pour aller vers l’éradication de la grande pauvreté, comme le voulait le président de la République il y a 2 ans. Prenez le plan de relance. La pauvreté fait partie des grands oubliés, c’est comme si ces sujets n’étaient pas dans le viseur… » s’inquiète Christophe Robert. »

Alors revenons au cadre de notre délibération dans lequel cette dernière s’inscrit.

Les objectifs de la stratégie nationale de prévention et lutte contre la pauvreté, annoncée le 13 septembre 2018, par le Président de la République était d’éviter l’émergence de la pauvreté dès les premières années de la vie, de garantir au quotidien les droits fondamentaux des enfants, d’assurer à tous les jeunes un parcours de formation leur permettant d’acquérir des compétences et de prendre leur indépendance, de rendre les droits sociaux plus accessibles, plus équitables et plus incitatifs à l’activité et d’investir pour l’accompagnement de tous vers emploi.

La stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté visait à garantir sur l’ensemble du territoire l’accès effectif de tous aux droits fondamentaux dans les domaines de l’emploi, du logement, de la protection de la santé, de la justice, de l’éducation, de la formation et de la culture, de la protection de la famille et de l’enfance.

Comme je le soulignais plus, nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux, et la situation pousse à changer de braquet, si l’on veut vraiment changer les choses.

Cet après midi nous allons délibérer sur une contractualisation qui certes a le mérite d’exister et permet de donner des réponses d’urgence et je vais y revenir, mais qui ne permet pas de proposer des réponses structurelles.

Face au risque humanitaire entraîné par la crise sanitaire, il fallait une aide financière aux plus modestes, un soutien aux associations, la mobilisation de places d’hébergement et c’est ce que nous faisons au quotidien avec l’ensemble des partenaires dont l’État. Mais l’accès à un logement décent comme l’accès digne à l’alimentation appellent aujourd’hui des réponses de fond, pour reprendre les propos de Caritas France dans son rapport sur la Pauvreté à commencer par un revenu permettant de vivre décemment, ce qui suppose une hausse des bas salaires, un renforcement des filets de protection pour les personnes en emploi précaire, des aides accrues au logement, et un très net relèvement des minima sociaux.

Nous aurons l’occasion ensemble d’y revenir dans les mois qui viennent avec des propositions métropolitaines à ce sujet.

Il me semblait important et nécessaire de rappeler tout cela en amont avant de rentrer dans le corps de la délibération.

J’y viens maintenant.

Après avoir contractualisé avec des départements dès 2019, l’État a souhaité que des métropoles s’engagent elles aussi en 2020. Au regard du grand nombre d’actions déjà déployé par la Métropole dans les champs d’intervention précités cette contractualisation est apparue opportune.

L’objectif premier du contrat Etat-Métropole, d’une durée de deux ans, est de renforcer les actions entreprises sur le territoire en faveur des publics les plus précaires en matière d’emploi, d’insertion, d’accès au logement ou de cohésion sociale en s’appuyant sur les compétences métropolitaines.

Les principales actions proposées par la Métropole s’organisent autour de trois axes, trois axes qui sont pour nous essentiels pour répondre aux enjeux donc je parlais en préambule :

  • Hébergement/logement : soutien aux actions de prévention des expulsons mises en oeuvre par les bailleurs, renforcement du travail pair visant à la participation des personnes accompagnées, évaluation du dispositif logement d’abord des jeunes sans ressources,
  • Emploi/insertion : renforcement des moyens du Fonds Métropolitain d’Aide aux Jeunes, déploiement d’une équipe pluridisciplinaire dédiée à l’accompagnement des femmes en situation de monoparentalité, expérimentation de permanences d’infirmier psychologue dans les maisons de l’emploi et formation des professionnels de l’accompagnement socioprofessionnel aux questions de santé mentale, soutien au projet Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée et au projet Cohérence pour faciliter l’accès des plus précaires aux structures d’insertion par l’activité économique.
  • Cohésion sociale : renforcement des actions de soutien à la parentalité des ménages précaires en quartiers de la politique de la ville, action de facilitation de l’accès à des aliments de qualité et produits localement pour les personnes les plus précaires, renforcement des actions de lutte contre la fracture numérique, réalisation d’un diagnostic de santé intercommunal.

L’ engagement financier de l’Etat est de soutenir les actions du territoire métropolitain à hauteur de 325 k euros pour la première année du contrat. Ce dernier pourra être reconduit jusqu’à 2 fois, soit une durée total de 3 ans. La Métropole s’engage à cofinancer les actions entreprises à part égale avec l’Etat. Les actions mises en œuvre pourront débuter dès le 1er décembre 2020.

Le présent contrat étant d’une durée de deux ans, un travail de préparation de la deuxième année du contrat pourra démarrer dès la signature de ce dernier afin d’intégrer des possibles actions qui s’inscriront véritablement dans des réponses structurelles de fond.

Alors mes cher.e.s collègues je vous propose bien évidemment de voter cette délibération qui nous permet d’avancer, et je nous engage à continuer de travailler collectivement pour agir massivement et considérer que cela est au-delà de toute considération, la première de nos priorités.